LE CRABE EN AUSCULTATION PUBLIQUE
CULTURE
À LA CITE DES SCIENCES ET DE L INDUSTRIE DE PARIS, UNE EXPOSITION EXPLORE, JUSQU AU 8 AOÛT 2023, LES CANCERS. LE PARCOURS INTIMISTE ET DIDACTIQUE PERMET DE MIEUX COMPRENDRE LA MALADIE ET DE DÉPASSER LE TABOU. IL DONNE LA PAROLE AUX PATIENTS ET AUX EXPERTS.
Rencontrer un très vieux monstre Accueillis par un crabe transparent surdimensionné, les visiteurs sont plongés d entrée dans l imaginaire collectif. Un film d animation, projeté sur l animal, revient sur l origine de la maladie, apparue il y a 500 000 ans, et sur sa place dans l histoire de l évolution. Une maladie qui touche non seulement l humain, mais aussi les animaux et les plantes.
Répondre à la question qu est-ce qu un cancer ? Allongés sous un dôme, les visiteurs peuvent regarder un film sur la cancérogenèse (processus génétiques et biologiques à l œuvre lors de l apparition d un cancer). Ils apprennent ainsi que le mal vient souvent de nos propres cellules, dans une mutation au sein de l ADN. Si, la plupart du temps, le système immunitaire détruit les cellules cancéreuses, parfois, il ne les reconnaît pas ; elles peuvent alors proliférer. Quand leur amas prend de l ampleur, il crée un environnement leur permettant de se nourrir, de grossir et de disséminer des métastases capables de coloniser d autres parties du corps.
Des dispositifs colorés, immersifs et notamment audiovisuels, permettent de mieux comprendre la maladie et ses traitements.
Vivre le choc de l annonce Selon un rapport de l Observatoire sociétal des cancers, 33 % des personnes malades identifieraient l annonce du diagnostic comme le pire moment de leur parcours de soins. Une déflagration à laquelle sont confrontés les visiteurs via deux projections immersives : une fiction sans parole et les témoignages d une vingtaine de personnes.
Mannequin à la tête de nuage, dans lequel sont plantés des objets représentant les soins de support, nécessaires en parallèle des traitements.
Écouter les voix de la recherche Une installation vidéo donne la parole à onze chercheurs internationalement reconnus : ils font état de leurs travaux. De quoi prendre conscience de l inventivité scientifique et de la formidable dynamique humaine mobilisée contre la maladie. En effet, aujourd hui, s ouvrent d autres voies qui s inspirent des animaux et de leurs mécanismes de défense, pour mieux comprendre les cancers humains.
Dans un décor de jungle en carton,
animal, plante ou humain racontent aux visiteurs,
sous forme de fable, en quoi son patrimoine
génétique le tient éloigné des cancers ou si,
au contraire, il y est plus sensible.
En savoir plus sur les traitements Chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie ou thérapie ciblée : autant de techniques et traitements utilisés seuls ou en combinaison. Pour cet aspect, une pièce de théâtre propose de suivre quatre destins dans leur traitement, faisant comprendre que chaque cancer (il en existe 200 types !) est particulier et nécessite une prise en charge singulière. Est aussi évoquée la variété des soins de support ou l oncologie intégrative , autrement dit tout ce qui, conjointement au traitement, permet de faire face à la douleur et à la fatigue.
L'exposition donne tour à tour la parole aux patients, aux accompagnants, ainsi qu aux soignants.
Agir pour prévenir et se prémunir La dernière étape de l exposition est consacrée au volet ô combien politique : la prévention (son histoire en France à travers des affiches, des chiffres, etc.). Et, pour finir, un dispositif permet d analyser, en trois minutes, son mode de vie et d identifier les leviers protecteurs du cancer. 42 % des cancers sont liés à nos comportements. En cause dans près d un tiers des décès par cancer : le tabagisme, un indice élevé de masse corporelle, la consommation d alcool, une faible consommation de fruits et de légumes, un manque d exercice physique.
Six totems de ce type jalonnent l exposition pour éclairer et illustrer plus avant l étape franchie par les visiteurs.
Pour en savoir plus cite-sciences.fr
12 - Valeurs Mutualistes n°330 - 4e trimestre 2022
@ Romain Moretto