ÊTRE ACTIF POUR RESTER EN BONNE SANTÉ
PRÉVENTION
La quasi-totalité de la population française (95 %) ne fait pas assez d exercice physique et/ou est trop sédentaire, selon une mise en garde de l Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l environnement et du travail (Anses) émise en février dernier. L actuelle tendance à la diminution du volume total de l activité physique quotidienne et à l augmentation des temps de sédentarité n est pas uniquement française mais mondiale.
Activité physique, sédentarité : de quoi s agit-il exactement ? L Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l activité physique ainsi : Tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui requiert une dépense d énergie. D intensité modérée ou soutenue, elle a des effets bénéfiques scientifiquement prouvés sur la santé . Elle contribue à prévenir et améliorer le pronostic des maladies chroniques, à maintenir un bon équilibre du poids, à améliorer la santé mentale, la qualité de vie et le bien-être, à prolonger l autonomie. Pour sa part, la sédentarité se caractérise par le temps éveillé journalier passé assis (devant un écran, au travail, dans les transports ) ou allongé. Ses risques pour la santé apparaissent dès trois heures par jour dans ces positions, le vrai danger survenant lorsque le cap des six/sept heures est dépassé. Elle a un impact négatif sur le cœur et le cerveau, fait s élever la glycémie et la pression artérielle. Avec le fait d avoir un niveau d activité physique inférieur au seuil recommandé (cf. ci-après), elle est l un des principaux facteurs de risque pour la survenue et l aggravation des pathologies chroniques, première cause de mortalité dans le monde.
LES ADOS POUR CIBLE
Ils figurent en tête de liste des jeunes à faire bouger pour les pouvoirs publics.
Le premier volet d une nouvelle campagne de Santé publique France, lancée en ce sens, incite les parents à leur proposer davantage d'activités
physiques. Le second s'adresse directement aux adolescents,
avec des défis à relever chaque jour.
Marcher, monter ou descendre les escaliers constituent une activité physique, bénéfique pour la santé à chaque âge.
Intégrer l activité physique dans son quotidien Maintenir un bon état de santé tout au long de sa vie passe par l adoption d un mode de vie actif, dès le plus jeune âge. Pour les 6-17 ans, l Anses préconise de diminuer la durée totale quotidienne des occupations sédentaires et celle de chacune d entre elles, en limitant le temps d écran à deux heures, et d intégrer une activité physique modérée ou intense d au moins une heure dans la journée (trois heures pour les moins de 5 ans). Ses conseils : favoriser les activités en famille ou entre amis ; associer sport, jeu et plaisir ; proposer des activités diverses. Pour les adultes, elle recommande d augmenter la quantité d activité physique journalière et de limiter les périodes de sédentarité prolongées.
Si l activité professionnelle contraint de rester longuement en station assise, elle invite à essayer de se lever toutes les deux heures, pendant quelques minutes, pour bouger (marcher, s étirer, ). À ces pauses, doit idéalement être ajouté l équivalent d au moins trente minutes (ou trois fois dix minutes) d activité physique modérée (qui essouffle un peu) par jour, au moins cinq fois par semaine. Se déplacer à pied, monter ou descendre les escaliers, jardiner de manière active, etc., constituent autant d occasions, potentiellement accessibles à toutes et tous, de l intégrer dans son quotidien.
Pratiquer une activité physique régulière diminue
les risques de développer une pathologie chronique de
20 à 30 %. Source : Organisation mondiale de la santé (OMS).
TRENTE MINUTES PAR JOUR À L ÉCOLE
Être en bonne santé est une condition favorable pour bien apprendre. Tel est tout le sens du dispositif 30 minutes d'activité physique quotidienne à l école , lancé par l Éducation nationale en septembre 2020, avec le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Déjà expérimenté dans près de 11 000 écoles primaires, il a été généralisé à la rentrée 2022. Objectif : favoriser le développement des capacités motrices et des aptitudes physiques des jeunes.
Faciliter le passage à l acte En dépit de ces recommandations diffusées depuis vingt ans déjà dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS), l évolution est loin d être favorable. De sorte qu améliorer la santé de chacune et chacun en inversant la tendance demeure un enjeu majeur de santé publique. La piste à suivre ? Mieux accompagner les Françaises et les Français pour les aider à adopter de nouveaux comportements et leur permettre de trouver le goût et le plaisir de bouger (marcher, faire du vélo ), dans un environnement propice à la pratique d une activité physique agréable, facile et sécurisée (à la maison, à l école, dans l espace public ). Progresser en ce sens nécessite la mobilisation tant des acteurs de santé que des responsables politiques. Une loi, publiée le 2 mars dernier, représente un pas de plus pour contribuer à une meilleure santé du plus grand nombre via la pratique d une activité physique et sportive.
Elle s appuie, en particulier, sur le sport-santé, soit des activités physiques adaptées et prescrites par les médecins aux personnes atteintes d affections, notamment chroniques, ou ayant des facteurs de risques (surpoids, obésité, ), ainsi que sur l instauration d une pratique obligatoire d activité physique quotidienne à l école primaire (cf. encadré) et sur l accès aux équipements sportifs scolaires pour les associations. Par ailleurs, le gouvernement a instauré, en 2021, une aide financière pour encourager les jeunes à se lancer dans une pratique sportive : le Pass Sport. Les entreprises ont, quant à elles, été invitées à s engager et à soutenir des initiatives de sport-santé, le bien-être de leurs collaborateurs étant considéré comme faisant partie de leur responsabilité sociétale. Gageons que la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 créera un déclic supplémentaire, au niveau collectif et individuel, que cet événement fera prendre conscience de l importance et de l utilité à mettre davantage d activité physique dans nos vies. Et donc à prendre soin de notre santé.
Claire Reuillon
RÉHABITUER LES ENFANTS À BOUGER
En quoi la capacité physique des jeunes a-t-elle un lien direct avec leur santé ?
François Carré : La capacité physique est le reflet de notre capital santé et un indicateur fort d espérance de vie. Or, depuis quatre décennies, celle des adolescents a diminué d un tiers dans le monde et d un quart dans notre pays. C est une véritable régression physiologique ! Autre tendance constatée : l inactivité physique et la sédentarité croissantes des jeunes, deux facteurs de risques sanitaires très importants. Ainsi, près de la moitié des 11 à 17 ans passent plus de quatre heures trente par jour devant les écrans, et pratiquent moins de vingt minutes d activité physique quotidienne.
Recouvrer cette capacité passe-t-il par le changement des habitudes de vie ?
F. C. : C est tout l objet d une étude, menée auprès de collégiens français avec le collectif Pour une France en forme, visant à montrer qu une augmentation modérée de leur niveau d activité physique suffit à inverser la courbe de décroissance de leur capacité physique. Des élèves volontaires ont été recrutés dans trois régions (Auvergne Rhône-Alpes, Bretagne et Hauts-de-France). Sous la supervision de leurs professeurs d éducation physique et sportive, la moitié d entre eux ont réalisé deux entraînements hebdomadaires de quinze minutes chacun, pendant sept semaines. Ce, après évaluation initiale de leur capacité physique. Celle de tous les collégiens, réentraînés ou non, a ensuite été réestimée. Les résultats sont attendus pour la fin de l année.
A priori, inverser la tendance est possible ? F. C. : Une expérience menée en Slovénie, où la capacité physique des adolescents est mesurée chaque année depuis 1989, et dont nous nous sommes inspirés, montre une amélioration avec une pratique régulière d activité physique. Même avec une hausse limitée de celle-ci. Il y a urgence à prendre des mesures et à convaincre les parents que bouger est vital pour leurs enfants. Aider ces derniers à adopter un mode de vie moins sédentaire, les initier dès le plus jeune âge à la pratique d une activité physique régulière en se dépensant physiquement en famille ou en pratiquant un sport, est essentiel. C est dès le plus jeune âge que les bonnes habitudes se prennent.
FRANÇOIS CARRÉ CARDIOLOGUE AU SERVICE DE MÉDECINE DU SPORT AU CHU DE RENNES.
INACTIVITÉ PHYSIQUE ET SÉDENTARITÉ SONT LES DEUX PRINCIPAUX
FACTEURS DE RISQUE ASSOCIÉS AUX MALADIES CHRONIQUES.
UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE D INTENSITÉ MODÉRÉE OU SOUTENUE A
DES EFFETS BÉNÉFIQUES SUR LA SANTÉ ET SUR L ESPÉRANCE DE VIE.
LES HABITUDES PRISES DÈS L ENFANCE ET L ADOLESCENCE TENDENT À
S INSTALLER À L ÂGE ADULTE.
7 - Valeurs Mutualistes n°330 - 4e trimestre 2022