MGEN - Valeurs mutualistes - N°331

RÈGLES ABONDANTES : À LYON, UNE STRUCTURE LES SOIGNE Avoir des règles abondantes n est pas une fatalité. Or, souvent, les femmes souffrant de ménorragie ne savent pas à qui s adresser. À Lyon, une structure dédiée leur propose une prise en charge multidisciplinaire, rapide et personnalisée. Un dispositif unique en France.

Un score pour évaluer l abondance de ses règles En utilisant le score de Higham, une femme peut savoir si elle est réellement atteinte de ménorragie. Son calcul se réalise en comptant, par jour, le nombre de coupes menstruelles remplies ou de protections utilisées en se référant à un schéma visuel. Selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), environ

30 % des femmes y seraient sujettes, aussi bien des très jeunes que des quarantenaires.

Pour en savoir plus chu-lyon.fr/regles-abondantes

INNOVATION

Un parcours inédit, en hôpital de jour Pour ne plus laisser les femmes concernées sans diagnostic ni solution, une structure dédiée a été mise en place dans les services de gynécologie des hôpitaux de la Croix-Rousse (fin 2021) et Femme Mère Enfant (en 2022), à Lyon. Plusieurs consultations et examens sur un même lieu, durant trois heures y sont possibles. À l initiative de ce dispositif qui permet diagnostic, traitement personnalisé et suivi au long cours : Lucia Rugeri, médecin spécialiste en hémostase clinique et troubles de la coagulation. Son objectif : Restaurer la qualité de vie , mais aussi agir en prévention pour éviter les hospitalisations et les transfusions chez les femmes sévèrement atteintes.

Lucia Rugeri, hématologue.

Se faire soigner reste compliqué Les sociétés savantes préconisent une prise en charge multidisciplinaire

du fait des multiples causes, parfois intriquées : maladie gynécologique

(kystes, fibrome, polype ), trouble de la coagulation, dérèglement hormonal.

Malgré leurs recommandations, les ménorragies ne sont pas toujours bien évaluées et prises en compte par les médecins, qui ne connaissent pas

tous les différents modes de traitement. Alors même que, non traitées, elles ont des répercussions physiques, psychiques et socio-économiques importantes (fatigue, dépression, absentéisme, coût des protections...).

Un réseau à construire En créant cette structure, nous avons mis en évidence une problématique jusqu à présent peu ou pas reconnue , affirme Lucia Rugeri. Elle ambitionne désormais de construire un réseau ville-hôpital pour avoir des médecins libéraux à qui adresser les femmes, leur éviter les déplacements, assurer un suivi. Ce qui suppose développer la formation médicale et l éducation thérapeutique des patientes. Ce pourrait être, aussi, l occasion de lancer des études pour disposer de traitements encore plus adaptés.

Être informée, rassurée et écoutée À condition d y être adressée par un professionnel de santé, toute femme peut bénéficier de cette prise en charge. Au programme : échographie pelvienne, bilan sanguin, consultation d une gynécologue médicale et d un médecin spécialiste en trouble de la coagulation pour interpréter les problèmes plus rares. Les patientes sont recontactées trois à six mois plus tard. Le rendez- vous se prend sur le portail des Hospices Civils de Lyon. La demande doit être accompagnée du score de Higham ainsi que d examens déjà réalisés. Isabelle l a fait. Elle est repartie soulagée, avec des informations sur les différents traitements proposés, pas uniquement avec une ordonnance , et le sentiment d avoir été enfin écoutée .

11 - Valeurs Mutualistes n°331 - 1er trimestre 2023

Claire Reuillon