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TOUS LES ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ DOIVENT

ÊTRE IMPLIQUÉS : PROFESSIONNELS

DE SANTÉ, DE L'EDUCATION, DU LOGEMENT,

DE L URBANISME CITOYENS.

LA PRÉVENTION CONSISTE À AGIR SUR LES DÉTERMINANTS

DE SANTÉ, PLUTÔT QUE SUR LES MALADIES.

LA SANTÉ EST UN CAPITAL DANS LEQUEL NOTRE

SOCIÉTÉ DOIT INVESTIR.

La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d améliorer celle ci , spécifiait l OMS lors de sa première Conférence internationale pour la promotion de la santé, à Ottawa, en 1986. La santé, ressource de la vie quotidienne , s entend au sens large et suppose des préalables indispensables : être bien logé, bien nourri, bien éduqué, bénéficier d un environnement physique, mental et social stable. Des conditions qui impliquent l ensemble de la société et non uniquement les acteurs de la santé : les entreprises, les collectivités, les professionnels et finalement tous les citoyennes et citoyens.

LA PRÉVENTION, UNE CAUSE COMMUNE

PRÉVENTION

Des efforts à fournir pour des enjeux vitaux Or, de nombreuses données, issues d une revue de littérature de la Dress et datée de 2022, témoignent de fragilités et de fortes inégalités socio-économiques et territoriales dans notre pays : la France demeure dans le groupe de pays européens les plus consommateurs d alcool ; le tabac constitue la première cause de mortalité évitable (75 000 décès en 2015) ; les maladies chroniques surviennent plus fréquemment chez les personnes aux faibles revenus et le recours au dépistage du cancer est inégal selon le niveau de vie ; une personne sur dix présente des symptômes évocateurs de troubles dépressifs ; 20 % des habitants de France métropolitaine et 30 % des habitants des DROM (NDLR : départements et régions d outre-mer) ne font aucun trajet à pied d au moins dix minutes par semaine et la surcharge pondérale concerne 45 % des personnes Autant de marqueurs plaidant pour l effort à fournir afin de maintenir la progression constatée de l espérance de vie à soixante-cinq sans incapacité (sans perte d autonomie liée à un handicap, une maladie ). Or, la Drees pointe aussi que les effets positifs de la prévention dite primaire (Cf. encadré) sont vérifiés dans de nombreuses études : trente minutes d activité physique dynamique régulière assurent une diminution du risque de cancer du côlon, du sein (avant et après la ménopause) et de l endomètre ; privilégier les aliments d origine végétale et les produits transformés préviendrait près de 38 000 nouveaux cas de cancers par an ; la maladie d Alzheimer pourrait être évitée dans 40 % des cas en agissant sur 12 facteurs de risque (perte de l audition, hypertension artérielle, isolement social, pollution aérienne ) ; la diminution du tabagisme agit efficacement contre le risque d infarctus cérébral, en augmentation significative chez les moins de 55 ans. Cette prévention primaire prend différentes formes. Exemples : vaccinations obligatoires chez les enfants et dépistage de masse (cancers, etc.), consultations bucco- dentaires auprès des jeunes (programme M T Dents), lutte contre les épidémies, éducation à la santé, accès gratuit à des préservatifs et à la contraception d urgence, campagnes d information sur les accidents de la vie courante, les bienfaits des fruits et légumes ou encore l activité physique, mois sans alcool ou sans tabac, système d étiquetage nutritionnel à cinq niveaux (Nutri- Score), numéros verts

DES CONSULTATIONS CHEZ UN PSYCHOLOGUE

REMBOURSÉES

Depuis 2022, une personne en souffrance psychique peut bénéficier, via son médecin, d un accompagnement par un psychologue

conventionné (annuaire sur monparcourspsy.sante.gouv.fr). Huit séances sont remboursées par an par

l Assurance maladie. Devançant cette prise en charge, les mutuelles s étaient déjà engagées

en la matière en remboursant une partie de ces frais dans le cadre d un forfait médecines

douces/naturelles, annuel ou par séance.

TROIS ÉTAPES PRÉVENTIVES

La prévention primaire vise à diminuer l incidence d une maladie ou d un problème

de santé dans une population saine, en ciblant les conduites individuelles à risque, les risques

environnementaux ou sociétaux.

La prévention secondaire cherche à identifier précocement le trouble ou la

pathologie afin de lutter contre son évolution.

La prévention tertiaire consiste à réduire les complications, les invalidités ou les rechutes, consécutives

à la maladie ou au problème de santé.

Vers un changement de paradigme ? Issue du programme d Emmanuel Macron promettant la révolution de la prévention , la nouvelle dénomination du  ministère de la Santé et de la Prévention au lendemain des élections 2022 a suscité l espoir. Ceci alors que la Cour des Comptes a pointé, en 2021, les résultats insatisfaisants de la politique de prévention malgré un apport financier important (15 milliards d euros pour le cancer, le diabète et les maladies cardio-vasculaires). En cause : une adhésion trop faible aux plans de prévention santé, une mauvaise déclinaison des programmes aux niveaux régional et territorial, une organisation de la médecine de ville peu propice à la prévention, etc. La Cour préconise, par exemple, une lutte contre le marketing (ex. : interdiction de publicité sur l alcool), la mise en place de minima de sel, sucre et gras dans les produits industriels ou encore l optimisation du numérique afin de diminuer les inégalités sociales et territoriales et de cibler les publics prioritaires. Entrerait-on dans  l ère de la prévention , comme le proclamait François Braun, en novembre dernier, en dévoilant l une des mesures du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023 (PLFSS), soit l instauration de trois rendez-vous de prévention pour les adultes ? Objectifs, près de quarante ans après la Charte d Ottawa pour la promotion de la santé : appréhender la santé comme une ressource pour la vie plutôt que comme l absence de maladie ; passer du pourquoi au comment ; diminuer les inégalités sociales de santé ; agir prioritairement sur les facteurs sociétaux . Ces consultations préventives seront ciblées selon les tranches d âge : santé sexuelle et bucco-dentaire ou nécessité d avoir un médecin traitant pour les 20-25 ans ; maladies chroniques grâce à une évaluation des facteurs de risques métaboliques (diabète de type 2, hypercholestérolémie ) et comportementaux (tabac, alcool, etc.) pour les 40-45 ans ; apparition de fragilité et de perte d autonomie pour les 60-65 ans. Un pas pour sortir du concept central de culture curative (celui de maladie traitée) et aller vers la culture préventive (celui de maladie évitable) ? Une seule certitude : la nécessité d impliquer chacune et chacun d entre nous.

Isabelle Guardiola

* Remis en 2022 au ministre de la Santé.

FRANCK CHAUVIN PRÉSIDENT DU HAUT CONSEIL DE LA SANTÉ PUBLIQUE (HCSP), AUTEUR DU RAPPORT DESSINER LA SANTÉ PUBLIQUE DE DEMAIN*.

NOUS DEVONS DÉVELOPPER UNE CULTURE DE LA SANTÉ PUBLIQUE 

Comment peut-on aller vers plus de prévention ? Nous devons passer d un système de santé axé sur le curatif à un système plus orienté vers la prévention. Le nôtre fonctionne à l envers : il est centré sur l activité et incite donc à en faire toujours plus, ce qui ne laisse pas de place à la prévention. Il faut fixer de nouveaux objectifs collectivement, développer une culture de la santé publique, donc une culture de la prévention. Notamment à l école, dès les classes primaires.

Vous proposez de créer un système de santé publique territorial. Pourquoi ?

Pour faire évoluer notre système, la solution la plus efficace est locale, en impliquant les acteurs déjà présents. Les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer car elles ont dans leur périmètre de nombreux leviers (écoles, espaces verts, transports, logement, culture ). Nous savons, en effet, que le système de soins ne contribue que pour 20 % dans la santé de la population : l essentiel se passe ailleurs. C est le concept de Health in all policies (les différentes politiques contribuent à la santé des individus d une population).

Quels sont les enjeux et objectifs à travers ces évolutions ?

L enjeu est de diminuer le recours aux soins, en agissant sur les déterminants de la santé autant que sur la maladie. La prise en charge des malades chroniques requiert plus de temps et un réseau de médecine de ville développé. Penser la santé comme un marché, pousser la concurrence entre les établissements de soins, a participé à la crise de sens du personnel soignant. La santé est un capital dans lequel notre société doit investir.

Le développement du numérique en santé peut-il être une solution ?

C est la grande question. Si nous mettons en place le numérique pour ceux qui sont déjà en bonne santé, ces derniers iront encore mieux, mais d autres seront laissés de côté et les inégalités augmenteront. En revanche, il existe des pays où le numérique est un outil pour les diminuer, notamment en Afrique : beaucoup utilisent le téléphone portable pour réaliser ce fameux dernier kilomètre et toucher les personnes les plus éloignées.

Léa Vandeputte - France Mutualité n° : 628

09 - Valeurs Mutualistes n°331 - 1er trimestre 2023

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