Abréviation de female technology , la Femtech, en plein essor,
est devenue l un des marchés les plus porteurs de sa génération.
Et si les technologies, produits et services innovants dédiés à la santé des femmes (ou Femtech ) pouvaient aider à réduire les inégalités de genre en santé (ou gender gap ) ...
Évaluer les risques liés à la grossesse en temps réel grâce à des algorithmes (diabète gestationnel, hypertension, prééclampsie, etc.), proposer des podcasts sur la sexualité, développer un outil connecté de suivi quotidien du cycle hormonal ou des douleurs liées aux règles, mais aussi des solutions en lien avec certaines maladies chroniques (cancers, endométriose, syndrome des ovaires polykystiques, etc.)... Nombre d applications, de plateformes et autres innovations ont été développées par des start-up ces dernières années, dans le secteur de la Femtech (contraction de female et technology ), soit les technologies axées sur la santé et le bien-être des femmes. Ces dernières proposent des services gratuits et/ou payants (conseils, liens vers des articles et vidéos, accès à des examens tels que des tests ADN, etc.). Il suffit de scanner leur code-barres sur son Smartphone.
Des enjeux financiers, scientifiques et éthiques Ce marché, aux enjeux financiers gigantesques, cible la moitié de l humanité : selon FemTech Analytics (FTA), une agence d analyse stratégique, le financement total mondial du secteur a atteint 19,7 milliards de dollars en décembre 2022. La prudence scientifique et éthique est néanmoins de mise. En France, la Cnil (Commission nationale de l informatique et des libertés) a alerté des risques de marchandisation de l intime dans son dossier Données en transition : enjeux de santé 2020, notamment sur le recueil de données intimes et confidentielles auprès des usagères*. Face aux mauvaises pratiques de certaines entreprises éditrices d applications de suivi menstruel, un rapport de l Inserm questionne la conciliation de la quête de profit avec des objectifs de santé publique et de solidarité. Si le levier de l autonomisation de la femme est invoqué pour vanter les bénéfices des technologies Femtech, il convient d être précautionneux vis-à-vis de la diffusion des données collectées et de rappeler qu aucune application ne se substituera à un suivi gynécologique et médical.
* Voir aussi linc.cnil.fr/fr/la-medecine-connectee-nos-culottes
LA FEMTECH POUR SOLUTION ?
DOSSIER
07 - Valeurs Mutualistes n°332 - 2e trimestre 2023
ENDOMÉTRIOSE, PAS QU UN PROBLÈME
DE FEMMES
Cette maladie gynécologique, chronique et douloureuse, a trop longtemps été
banalisée, alors qu elle touche près de 10 % des femmes en âge de procréer, soit 1,5 à 2,5 millions de femmes, selon le
ministère de la Santé et de la Prévention. Alors qu elle a d importantes répercussions
sur la qualité de vie, mais aussi des conséquences économiques et en
matière de santé publique.
L endométriose fait désormais parler d elle : des femmes prennent la parole sur les réseaux sociaux, dans les librairies et
les médias sur ce sujet intime. Une stratégie nationale de lutte contre
l endométriose a été aussi lancée en 2022 : il était temps !
Les maladies cardiovasculaires ne sont pas l apanage des hommes : elles représentent aujourd hui, mondialement, la première cause de mortalité chez les femmes.
Elles tuent
200 femmes en France, chaque jour.
Source : OMS et Santé publique France.
11 % des femmes âgées de 50 à 64 ans n ont jamais fait d examen de dépistage du cancer du sein. Source : Ifop, 2021.
Depuis 2000, l espérance de vie progresse davantage pour les hommes que pour les femmes
+ 4 ans versus
+ 2,7 ans Source : Insee, 2023.
Les femmes encourent plus de risques (54 %) de troubles musculosquelettiques (TMS) que les hommes (46 %).
Les risques sont
3 fois plus importants dans les catégories les plus confrontées à la précarité (employées et ouvrières). Les TMS sont pour autant sous-déclarés, en particulier par les femmes. Source : Ifop, 2022.
17 % seulement des cheffes d établissement et directrices générales adjointes de CHU sont des femmes ; au Cnom (Conseil national de l Ordre des médecins), 70 % des 56 membres sont des hommes.
Source : Haut conseil à l égalité entre les femmes et les hommes, 2020.